2006-04-25

Voyage d'études à Lisbonne

En cas de cafard gros comme une maison (c'est le cas de le dire), que faire? Sauter dans le premier train de nuit en partance pour Lisbonne, pardi! Et puis masquer cette fuite en voyage d'études (but avoué: apprendre à tricoter à la portugaise). Malgré le côté improvisé de la chose, qui m'a empêchée d'organiser une rencontre en bonne et due forme avec les tricoteuses lisboètes, j'ai été comblée question tricot (et crafts et illustration: les 3 domaines se croisent souvent sur les blogs portugais). Il faut dire que j'ai pu compter sur l'aide de ma bonne fée, Hilda. [Elle prépare un nouveau site sur planetahilda.com. En attendant, ne ratez pas ses créations sur son blog et sa galerie photo (voir marge du blog).]

Curieux effets secondaires de la bloguitude: dans une ville étrangère, on se surprend à reconnaître les enfants (tiens, ça, c'est E.), les chiens (tiens, ça, c'est Dodo) et les chaussures (tiens, ça, c'est les Camper d'Ana Ventura).

Au matin du deuxième jour, dans une ville d'un million d'habitants, j'ai croisé par hasard dans la rue Rosa Pomar et E. J'ai hésité à me présenter, puis je me suis dit que je n'avais pas à interrompre leur vie quotidienne. [Si vous ne connaissez pas encore ses créations, courez voir son blog. Et si vous visitez Lisbonne, imprimez les bonnes adresses de son "Crafty tour of Lisbon".]
Puis j'ai acheté les deux premiers numéros du seul fanzine tricot européen (à ma connaissance), Tricot Urbano, dans une boutique qui vend aussi les paniers traditionnels revus et corrigés par Dina Ladina. [Fermento - rua do Século, 13 (Bairro Alto)]
L'après-midi, j'avais rendez-vous avec Hilda Portela, qui m'a montré son atelier et ses nouvelles créations dans une gamme de tons plus pastel que d'habitude. J'ai aussi fait la connaissance de son assistante, Patricia, et de son chien Dodo. Puis elle m'a fait une visite guidée des merceries de la rua da Conceiçao et m'a amenée chez Tricots Brancal, où j'ai acheté les fameuses aiguilles portugaises à bout crocheté (agulhas com barbela) (avant de me rappeler que c'est justement l'adresse que me conseillait Luisa). [Tricots Brancal - rua dos Fanqueiros (Baixa); rua da Conceiçao (Baixa), une demi-douzaine de merceries (retrosaria) dont deux vendent de la laine: Adriano Coelho et Alexandre Bento]
Puis, nous avons rejoint Ana Ventura, qui avait rendez-vous avec une illustratrice brésilienne, Mariana Massarani, de passage à Lisbonne avec son amie Ana. Nous avons pris un thé dans une pâtisserie Art Nouveau tout en les écoutant raconter des histoires très drôles où il était question de surf sur les plages de Rio et de bateaux qui remontent l'Amazone vers Manaos au milieu des alligators. [J'adore les paper dolls d'Ana Ventura et ses mobiles, mais elle est en train de refaire son site et tout n'y est pas. Quant à Mariana Massarani, elle a un blog où vous pouvez lire ses (més)aventures de surfeuse (voir mars-mai 2005).]

Le lendemain, Hilda m'a arrangé un cours de tricot avec son assistante Patricia, qui m'a gentiment et très clairement expliqué comment tricoter à l'envers et à l'endroit, dans cet ordre. Muito obrigada, Patricia! Grâce à elle, j'ai pu voir que j'avais tout compris de travers. Hilda, qui tricote à l'espagnole comme sa mère et constitue donc une anomalie au Portugal, s'est prise au jeu et a essayé aussi: elle est beaucoup plus douée que moi.

Si la technique vous intéresse, Filomena l'explique sur son blog Tricot e tal. Ses explications sont illustrées et très claires, mais comme je ne comprends qu'en 3D, ce n'est qu'en voyant Patricia faire que j'ai enfin compris. J'y reviendrai quand je serai plus douée, mais je note mes premières impressions pour ne pas oublier:

- C'est le pouce gauche qui fait tout le boulot. Patricia me corrigeait: "Enlève tous ces doigts à droite, ils n'ont rien à faire là."
- La main droite ne sert qu'à tendre le fil passé autour du cou et à tenir l'aiguille "active".
- En fait, l'envers est la technique de base. Le mouvement vient naturellement et on arrive assez vite à prendre de la vitesse.
- Par contre, l'endroit est assez tarabiscoté. Je sais que cette impression est due à un manque d'habitude. Mais de même qu'on peut dire qu'en tricot continental le point endroit est plus naturel que le point envers, beaucoup plus difficile à obtenir (d'où les multiples variantes), je crois qu'on peut dire qu'avec la méthode portugaise, c'est le contraire. [Apparemment, cette impression est juste: Knitting through life, qui est portugaise et tricote à la portugaise avec des aiguilles à bout crocheté, dit la même chose.]
- Le plus déboussolant pour moi, c'est que pour tricoter à l'endroit on glisse l'aiguille droite DEVANT l'aiguille gauche, pas derrière. Idem pour le fil (DEVANT l'aiguille gauche, mais DERRIÈRE l'aiguille droite, bien sûr).
- J'ai essayé avec les deux sortes d'aiguilles: à bout pointu et à bout crocheté. Pour l'envers, je n'ai aucun mal. Pour l'endroit, je n'arrive jamais à glisser le bout crocheté devant. Il se faufile derrière et je suis obligée de le remettre devant, d'où perte de temps. Quant à tricoter à l'espagnole avec les aiguilles à bout crocheté: très laborieux.
Je compte bien persévérer dans l'apprentissage de cette méthode. Je n'ai pas appris à faire des jetés ni du jacquard (j'imagine que les deux fils sont autour du cou et que c'est le pouce qui sélectionne une couleur ou l'autre). Une bonne excuse pour retourner bientôt à Lisbonne.



Mon butin tricotique: deux pelotes de Happy Baby de chez Rosários 4* (185m aux 50g; 20 x 30 sur 4mm; 65% mérinos 10% cachemire 25% polyamide; 3,20€), fil qui peut remplacer le Rowan Cashsoft Baby DK et le Debbie Bliss Baby Cashmerino, achetés chez Marta Oliveira Retrosaria e Lavores, tenue par une vendeuse très sympathique; la viscose et les aiguilles à bout crocheté achetées chez Tricots Brancal; les aiguilles à bout crocheté "bricolées maison" rapportées par Betty; mon premier essai de tricot à la portugaise.

[Marta Oliveira Retrosaria e Lavores - centro comercial rua Pinheiro Changas, 10 (metro Saldanha)] màj juin 2007: cette mercerie a fermé ses portes

d'autres billets sur le même sujet:
* Tricoter à Porto et Lisbonne
* Voyages d'études à Lisbonne.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors, après ces aventrues portugaises, retour du moral ?
Bulle

Anonyme a dit…

Super découvertes! (j'ignorais tout ça...!)
Merci de nous faire découvrir toutes ces merveilles.

Fresia a dit…

Arffff

que de belles rencontres ^^

(je ne crois pas du tout cette photo: je suis sure que tu as acheté beaucoup plus de choses mais tu n'oses pas nous montrer - hi hi)

Anonyme a dit…

Enfin la méthode "autour du cou" révélée et expliquée! Merci Urraca, voilà un voyage d'études dont je profiterai aussi. En avant la méthode maison: rangs endroits à la continentale, rangs envers à la portugaise, un brin d'orientale pour les torsades, et l'anglaise en "roue de secours"... tricot-fusion, quoi!

Anonyme a dit…

Que bien,Urraca,tu visita a Lisboa.Que ciudad maravillosa,que bien se pasea por ahí.Y además con grandes tejedoras.Ya nos contarás tus experiencias...!!!

Anonyme a dit…

Pues qué bonito estilo para tejer se usa en portugal. Lo intenté usar en un par de vueltas pero a la larga regresé a mi método de siempre. Pero está bien para cuando se te cansa el dedo índice, cambiar al pulgar. Gracias por los enlaces.

Anonyme a dit…

Je t'admire de vouloir tricoter "à la portugaise" (ça serait la même chose si tu t'essayais à la continentale, je t'admirerais tout pareil !), parceque moi je me sens bien incapable de changer mes habitudes !! Argh, la vieillesse me guette...

Anonyme a dit…

Super ton reportage lisboête!
Ça donne très envie d'y aller...et d'apprendre à tricoter portugais. C'est curieux que sur une seule péninsule, on tricote de deux façons si différentes.
Comment crois-tu qu'on tricote en galice?

Anonyme a dit…

Ton escapade m'a séduite ! Faut que je me presse d'apprendre quelques notions de portugais pour me lancer à l'assaut du Portugal tricotique et découvrir leur manière de tricoter ! Merci de nous faire partager ton expérience enrichissante...