J'ai vraiment honte! Outre mon "stash" de laines, je me retrouve à présent en possession d'une planque de came de boutons, d'une cache d'armes de boutons, d'un stock de céréales accumulées par des spéculateurs pour faire grimper artificiellement les prix sur le marché mondial et puis après dire que c'est de la faute de la Chine et autres pays émergents; d'ailleurs c'est super-pratique: en ce moment tout est de la faute de la Chine, car nous n'avons jamais été en guerre avec l'Océanie, nous avons toujours été en guerre avec la... euh, je m'égare de boutons. Mais c'est pas moi, moi je voulais pas, je vous le jure; tout ça, c'est la faute à la Chine à Forecast.
Tout avait bien commencé pourtant. Munie de l'excellente carte aux boutons mise au point par Sophie Frankenstein, j'avais bon espoir de trouver facilement de quoi boutonner mon Forecast.
Et j'ai trouvé du premier coup les boutons parfaits à la Droguerie. Problème: il n'en restait plus en argenté et la version cuivrée jurait avec ma laine. Je me suis rabattue sur les ajourés à motifs vaguement celtiques: mauvaise pioche, trop petits ils glissaient hors des boutonnières. Pas découragée, je m'incline alors vers les ajourés ovales: parfaits en hauteur, ils sont trop étroits et ne cachent pas la déformation de la boutonnière.
Zut! Je reprends la route, quadrillant tout Paris. Une mercerie, deux merceries, trois merceries... Ici ou là, mes poches se lestent de 11 petites rondelles percées. En métal, en plastique, en bois... Mais après essai, ça cloche toujours.
Infatigable, je poursuivis ma quête. Quatre merceries, cinq merceries, six merceries... Soudain, le sang battit contre mes tempes, ma vue se brouilla, le sol se déroba sous mes pas... Quand je revins à moi, j'etais à Madrid et j'avais accumulé ça:
La honte! Ce fut un coup de sang, une poussée de fièvre acheteuse, une folie passagère (folie est le mot, car de nos jours les boutons coûtent les yeux de la tête!).
Quoi? J'en entends qui murmurent dans le fond: "pas de quoi fouetter un chat! j'en ai bien plus". Mais c'est que le lot ci-dessus est venu s'ajouter à un fonds préalable: les deux douzaines, rituelles dans toute boîte à couture qui se respecte, de boutons dépareillés récupérés sur les vêtements usés avant départ à la poubelle (absents sur la photo), mais surtout plusieurs tubes rafflés par une amie non-tricoteuse dans une mercerie qui fermait pour me les offrir.
Autant vous dire que je viens de me condamner à ne tricoter que des vestes et des cardigans pendant quelques années. Privée de pullovers, la fille!
Et le pire dans tout ça: il a fort à parier que tous ces boutons ont été fabriqués en Chine, car 80% des boutons vendus dans le monde seraient manufacturés à Wenzhou (dans le district de Qiaotou)*. Or c'est précisement à Wenzhou que l'économie de marché a redémarré en Chine. Alors la morale de cette histoire: l'hégémonie commerciale actuelle de la Chine, c'est la faute à quoi? Eh bien c'est la faute... aux boutons!
* Sources: - China's button capital in Wenzhou - Chinese 'Button Town' Struggles with Success - Marc Boulet, Dans la peau d'un Chinois en Chine, 1988 - L'usine du monde à plein régime - The tiger's teeth - Les "second tier-cities" en Chine
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1 commentaires:
Olá,Permita-me chama-la de amiga.Adorei os seus botões,são muito lindos.Um bom fim de semanapara voce.bjtos.nile.
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